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  • Diego Imbert - Alain Jean-Marie : Interplay (The Music of Bill Evans)

    diego imbert, alain jean-marie, bill evansJe laisserai aux exégètes le soin de parler, beaucoup mieux que je ne saurais le faire, de Bill Evans, pianiste dont l’héritage n’en finit pas de fasciner. Disparu voici quarante maintenant, son influence sur les musiciens – tous instruments confondus – continue de s’exercer. Ils ont de quoi faire d’ailleurs, avec une somme assez considérable d’albums publiés entre 1959 et 1980. Et puis, quel amoureux du jazz n’a pas dans sa discothèque ce disque phare de Miles Davis, Kind of Blue ? « Blue In Green », ça vous dit quelque chose, n’est-ce pas ?

    Au milieu des années 70, on repère trois rendez-vous de Bill Evans en duo avec le contrebassiste portoricain Eddie Gomez : Intuition (1974), Eloquence (1975) et Montreux III (1976). Une formule dont le pianiste disait : « Ne jouer qu’avec une basse offre de nouvelles possibilités, ça élargit l’espace sonore ». En amoureux de la mélodie, respectueux des grandes heures de l’histoire du jazz, mais désireux aussi de s’exprimer dans leur propre langage, avec leur sensibilité, Diego Imbert et Alain Jean-Marie se sont lancés dans l’aventure : elle prend la forme d’un disque et s’appelle Interplay - The Music of Bill Evans. Parce qu’il faut un peu d’audace, tout de même, pour s’attaquer à un géant et supposer qu’on peut ajouter une pierre, aussi modeste soit-elle, à un tel édifice musical. Pari réussi, ce qui pourra rassurer Alain Jean-Marie qui, aux dires de Pascal Anquetil qui signe les notes du livret, a hésité à répondre à l’invitation du contrebassiste : « Pour moi qui viens de la rue, du bal et de la biguine, me confronter à un pianiste doué d’une telle culture classique et que j’admire tant depuis si longtemps m’a fait peur au départ ». Une belle leçon d’humilité, soit dit en passant.

    Le menu de cet album paru chez Trebim Music est copieux, mais sans excès, juste ce qu’il faut pour goûter au plaisir de chaque minute. On imagine d’ailleurs que la sélection n’a pas été une mince affaire : quinze compositions dont onze signées Bill Evans et quatre qu’il affectionnait particulièrement (« Alfie », « Quiet Now », « Nardis » et « Gloria’s Step »). La séduction est instantanée, l’entente semble naturelle, parce qu’on n’ose pas la qualifier de facile. La force mélodique de la musique de Bill Evans transporte les deux musiciens, nous sommes au cœur d’une conversation heureuse, dans cette subtile alliance de décontraction rythmique, de jubilation mélodique et de rigueur dans l’écoute de son partenaire. Le piano d’Alain Jean-Marie est une porte ouverte sur un paysage de soleil, la contrebasse de Diego Imbert au meilleur d’une volubilité amoureuse du chant.

    Ce jazz-là a quelque chose d’intemporel : insensible aux modes, déjà si vrai hier et demeuré très actuel par sa volonté de parler en droite ligne du cœur, le seul chemin qui vaille en nos temps troubles. Bien qu’imaginé il y a une dizaine d’années, Interplay fut enregistré dès le déconfinement du printemps dernier, les 18 et 19 mai. Comme s’il était une nécessité, l’expression d’un besoin impérieux de se retrouver, une longue et profonde respiration. Ce qu’il est, vraiment.

    Musiciens : Diego Imbert (contrebasse) ; Alain Jean-Marie (piano).

    Les titres : Interplay | Alfie | Peri’s Scope | Quiet Now | Turn Out Of The Stars | Show Type Tune | Nardis | The Two Lonely People ­ Very Early | Time Remembered | Gloria’s Step | Blue In Green | Waltz For Debby | Laurie | We Will Meet Again.

    Label : Trebim Music

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  • Sylvaine Hélary : Glowing Life

    sylvaine hélaryEncore une belle surprise en cet automne confiné, avec un disque réjouissant signé Sylvaine Hélary. Flûtiste mais pas seulement, voilà une musicienne que je qualifierais volontiers de multidirectionnelle, ainsi que sa biographie vous le prouvera. Tout récemment, elle s’est illustrée au sein de l’ONJ sous la direction de Frédéric Maurin, en composant « Le monde fleur », l’un des thèmes de Rituels, que j’ai évoqué par ici. Et pour la petite histoire, je me souviens d’avoir croisé son nom sur une pochette de disque il y a un petit bout de temps maintenant : c’était il y a plus de quinze ans, avec le premier album de Bertrand Belin (alors illustre inconnu)…

    Pour le reste, on peut faire confiance à Stéphane Berland, toujours à la barre du label Ayler Records dont je parle ici assez fréquemment. Son ouverture musicale est vaste, sa démarche volontiers exploratoire. Aussi lorsqu’il ajoute Glowing Life (Vies scintillantes) à son catalogue, on subit cet effet d’attraction assez irrépressible que certains discomaniaques connaissent bien.

    Entourée de Benjamin Glibert (guitare et basse), Antonin Rayon (piano, claviers), Christophe Lavergne (batterie), avec l’appui de Mark Tompkins sur un titre, Sylvaine Hélary partage sur ce nouveau disque une vision assez électrique (et très éclectique) de son univers musical (littéraire aussi, notons par exemple le recours à des textes d’Éric Vuillard ou P.J. Harvey) fortement teinté d’influences en provenance d’un courant du jazz-rock anglais qu’on appelait en d’autres temps l’École de Canterbury. Mais attention : ce sont des réminiscences (car il n’est jamais question d’imitation…) et une esthétique instrumentale (le travail d’Antonin Rayon et de Benjamin Glibert est à cet égard fondamental) qui font penser à quelques-uns de ces groupes emblématiques que furent Caravan ou National Health (« Glowing Life » ou le final de « Where It Begins »). La dimension expérimentale de certaines compositions (« Introduction to Beginning ») renvoie quant à elle plutôt vers une formation telle que Henry Cow. On entend même parfois des coups de canif crimsoniens (l’un des passages de « Après la pluie ») qui orientent la musique du côté des rivages d'un rock progressif actualisé ; sans oublier des élans chantés ou parlés conduisant l'ensemble vers une pop élégante (« Thinking to Dance »).

    Mais surtout, ce qui impressionne ici est la diversité des climats qui s’enchaînent et mettent la musique dans tous ses états : d’une ambiance étale qui serait celle d’un matin calme à une scansion rock, nerveuse à souhait ; c’est un chant-déclamation d’abord martelé, avant le retour à l’apaisement de ce dernier, qui devient limpide. Les rebondissements du scénario de ce beau disque sont multiples et c’est là l’un de ses grands attraits. Ainsi on passe d’une suggestion mélodique au bruissement des instruments. De la sérénité d’une flûte aérienne aux accents presque recueillis de l’orgue Hammond. Des arpèges solaires de la guitare à la sécheresse de ses riffs. De l’onirisme au réalisme. Adeptes des classifications, passez votre chemin, ce disque est ailleurs. Cerise sur le gâteau, la prise de son (dans laquelle Antonin Rayon est largement impliqué) permet de savourer toutes les subtilités et les variations d’atmosphères (on peut par exemple apprécier le moindre détail du jeu de Christophe Lavergne ou goûter au plaisir d’un Moog qui semble surgi d’avant) dont Glowing Life est traversé de part en part.

    Sylvaine Hélary s’avère une authentique créatrice. Elle est à l’évidence de ceux (ou celles) qui possèdent cette faculté rare de savoir d’où leurs inspirations proviennent, de les assumer tout en les transposant à l’aune de leur imagination afin de bâtir leur propre monde. Le résultat est si « évident » et si singulier à la fois qu’on finit par se demander comment une telle rencontre a bien pu ne pas avoir lieu plus tôt.

    Musiciens : Sylvaine Hélary (flûte, voix) ; Antonin Rayon (orgue Hammond B3, moog, piano, clavinet) ; Benjamin Glibert (guitare et basse électriques) ; Christophe Lavergne (batterie) + Mark Tompkins (voix sur « Where it begins »).

    Les titres : Après la pluie | Thinking to Dance | Glowing Life | Thinking of Solitude | Introduction to Beginning | Where it Begins.

    Label : Ayler Records

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  • Thierry Zaboitzeff : Professional Stranger

    thierry zaboitzeffAu mois de juin 2019, j’ai rendu hommage au travail entrepris depuis une cinquantaine d’années maintenant par Thierry Zaboitzeff. La publication de Sleep No More par son groupe Aria Primitiva avait été pour moi le prétexte à une chronique dans le magazine Citizen Jazz. Par conséquent, je ne reviendrai pas ici en détail sur son parcours qui va de Art Zoyd (dont il fut le co-fondateur en 1971 avec le regretté Gérard Hourbette) jusqu’à un nouveau disque en 2020, Professional Stranger, en passant par de multiples expériences en groupe ou en solo, sans oublier la composition de bandes-son pour des spectacles de théâtre, de danse ou pour des films. Ma chronique se présente comme un rapide tour d’horizon de sa carrière si singulière, vous en saurez donc plus si vous le souhaitez. Avant toute chose, je définissais en quelques mots ce musicien pas comme les autres (bassiste, violoncelliste, compositeur, chanteur, etc.) en essayant d’expliquer la difficulté à cerner son univers « aux confins de la musique électronique, de la musique contemporaine et du rock symphonique ».

    Les temps sont durs et pour l’heure – en attendant d’autres qu’on espère meilleures et une publication sous une forme physique – Professional Stranger n’est disponible à la vente que sous forme numérique, ou à l’écoute sur les principales plateformes de streaming, comme on dit de nos jours.

    Les compositions de ce nouvel enregistrement sont issues du projet chorégraphique Long Life qui sera prochainement créé à Salzbourg par la compagnie de la chorégraphe Editta Braun.

    On connaît le côté souvent ténébreux de la musique de Thierry Zaboitzeff, tous ces « espaces inquiets » dans lesquels il inscrit la plupart de ses compostions, leur pulsion profonde qui semble émaner d’une pénombre dont on perçoit les mystères sans jamais les cerner vraiment. Mais cette fois, le multi-instrumentiste laisse entrevoir plus de lumière et ses paysages paraissent apaisés (à l’image de « L’insouciance de Vénus », par exemple), même si en ouverture le climat de « Neoklassicos Le Grand » n’est pas sans évoquer celui d'Art Zoyd. Et puis il y a cet accordéon omniprésent, tissant de nouvelles textures mêlées à celles des cordes et de l’électronique, capable d’entamer une petite valse (« Mali Valcer ») ou une samba arythmique (« El Caos »), de dessiner dans la douceur du soir un arbre (« Дерево »), de peindre la musique en bleu (« So Etwas Wie Blau »), de raviver les couleurs du célèbre « Venus » de Shocking Blue (souvenez-vous, en 1969…), ici chanté par Sandrine Rohrmoser. Sans oublier un étonnant final avec une reprise aux allures de cérémonie de « Enjoy The Silence » de Depeche Mode (et cette fois, c’est Thierry Zaboitzeff qui en est le chanteur).

    Dans un récent échange, je faisais remarquer à Thierry Zaboitzeff que Professional Stranger me paraissait plus facile d’accès que ses autres productions et sa réponse m’a laissé entendre qu’il n’y avait pas de calcul de sa part. Les circonstances du projet Long Life l’ont guidé naturellement vers des atmosphères plus limpides et mélodiques. Une raison de plus pour vous suggérer de découvrir sans attendre son univers pas comme les autres, si vous ne l’avez déjà fait bien entendu.

    Musiciens : Thierry Zaboitzeff (tous les instruments) ; Sandrine Rohrmoser (chant).

    Les titres : Neoklassicos le Grand | L’insouciance de Vénus | Venus | Mali Valcer | El Caos | Дерево | So Etwas Wie Blau | Overlap Processing | Enjoy The Silence.

    Label : iMD-ZABMUSIC

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  • Bernard Santacruz : Tales, Fables and Other Stories

    bernard santacruzLe hasard du calendrier fait bien les choses. Hier, j’évoquais Nothing But Love, ce vibrant hommage à la musique du saxophoniste Frank Lowe enregistré à Brooklyn en 2019, auquel participe Bernard Santacruz, entouré de quatre musiciens américains. Dans ma conclusion, j’en profitais pour saluer en quelques mots le travail du contrebassiste et notamment son album solo Tales, Fables and Other Stories. Forcément, ce rappel m’a donné envie de réécouter cet enregistrement live réalisé dans la Salle des Nus, à Rouen. Et en lisant les notes de pochette signées par Pierre Lemarchand, je me suis rendu compte que ce concert s’est déroulé il y a cinq ans jour pour jour, le 21 novembre 2015. En nos temps complotistes, on n’ose plus dire qu’il n’y a pas de hasard, mais cette coïncidence est fort plaisante, d’autant que je n’ai pas le souvenir d’avoir rendu compte de ce disque, ici ou ailleurs. Une erreur de ma part, sans doute liée à un manque de temps ou d’inspiration, les mots ne venant pas toujours avec la précision et la sensibilité qu’on aimerait leur donner.

    Qu’importe, l’adage dit qu’il vaut mieux tard que jamais. Alors oui, aujourd’hui comme en 2017 au moment de la publication du disque chez Juju Records, il faut dire et redire combien cette véritable union entre le musicien et son instrument mérite d’être écoutée avec la plus grande attention. Chez Bernard Santacruz, on ne trouvera pas le moindre recours à des pédales d’effets, de boucles ou autre samples destinés à créer l’illusion d’un orchestre. La rencontre est acoustique, d’une stupéfiante nudité, et les seules voix qu’on peut entendre sont celles des cordes, du bois, du souffle et du cœur. Le voyage proposé comporte trois étapes, dont la première est la plus longue. Il vous emportera de mélodies suggérées en silences aménagés comme autant de respirations, avec parfois une inflexion de la conversation vers des échanges plus bruitistes. On perçoit le souffle du musicien, le corps de la contrebasse devenant au besoin un instrument de percussion pour résonner d’échos venant sans doute d’Afrique (la première partie de « From Missirikoro to Sikasso »). Il y a beaucoup d’amour dans ce dialogue dans l’intimité duquel nous sommes conviés. Il faut dire aussi que le programme de Tales, Fables and Other Stories est d’emblée prometteur : « dans le tourbillon joyeux des esprits » ! C’est l’essence spirituelle d’une musique de l’âme et d’une conquête des grands espaces, intérieurs ou extérieurs.

    On l’a compris, le temps n’a guère d’importance, ce voyage peut s’accomplir aujourd’hui ou demain, comme il le fut hier. Et dans la joie, ce qui n’est pas le moindre des cadeaux.

    Les titres : In the Joyful Whirlwind of the Spirits | From Missirikoro to Sikasso | Alta Mar.

    Les musiciens : Bernard Santacruz (contrebasse).

    Label : Juju Records

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  • Switch Trio : In Town

    switch trio,fred nardinPar un phénomène plutôt sibyllin, le Switch Trio semble vouloir inverser le cours des événements. En 2012, alors que l’idée d’un confinement généralisé ne hantait aucun esprit doté de toutes ses facultés, il publiait At Home dont la pochette offrait une « vue sur canapé », comme par anticipation des jours de pandémie à venir. Et voilà qu’au moment où les murs de nos habitations sont devenus nos horizons indépassables (ou presque), c’est la parution de In Town. Une ville qui s’offre aux regards dans un rayon bien supérieur à un kilomètre, aperçue toutefois depuis une baie vitrée, il faut le souligner. Au-delà de cette entrée en matière taquine, avouons que ce disque est avant tout synonyme du plaisir de retrouver trois musiciens décidés à poursuivre leur travail de célébration d’un jazz du swing, porteur de son histoire, et poussés dans un élan commun par la joie d’être vivants dans la musique de l’instant. C’est là un atout fort appréciable en ces temps où la musique live est condamnée à la réclusion sanitaire.

    Pas besoin de présenter le pianiste Fred Nardin, connu outre ses multiples incursions dans les clubs parisiens et sa fréquentation d’une belle galerie de pointures (Leon Parker, Stefano Di Battista, Hugo Lippi, Sophie Alour ou Gaël Horellou pour n’en citer que quelques-unes) pour être le co-directeur artistique de ce grand ensemble pédagogico-jazzistique qu’est The Amazing Keystone Big Band. Voilà un (toujours) jeune musicien chez qui le groove circule au même rythme que le sang dans les veines. C’est tout logiquement qu’on retrouve au programme de son deuxième rendez-vous, avec ses complices Maxime Fougères (guitare) et Samuel Hubert (contrebasse), une poignée de compositeurs fétiches : Billy Strayhorn (« Take The A Train »), Mulgrew Miller (« Second Thought »), René Thomas (« Blue Tempo », sans doute l’un des plus beaux moments du disque) ou encore Benny Golson (« Out Of The Past ») ; sans oublier celui qui ne nous avait pas encore quittés au moment de l’enregistrement du disque en 2017, l’immense Steve Grossman (« Song For My Mother »). Nardin quant à lui dédie une de ses deux compositions originales à un certain « Mister K.B. » derrière lequel se cache sans nul doute l’un de ses maîtres en piano, Kenny Barron.

    Cette musique coule, tranquille et sûre d’elle-même à la fois, ne perdant jamais de vue l’idée d’un swing (j’insiste sur ce mot) sous-jacent, quel que soit le tempo adopté. In Town est un refuge mélodique dans lequel il fait bon vivre. Ici, la virtuosité ne prend jamais le pas sur la sensibilité, le sourire est de mise. Tout ceci me rappelle ce que j’avais écrit dans le magazine Citizen Jazz au sujet de Opening, le disque du trio de Fred Nardin. J’évoquais en effet : « le sentiment de plénitude qui vous gagne à l’écoute d’une musique combinant le désir de porter en elle l’histoire du jazz et de raconter le monde d’aujourd’hui ». Je soulignais aussi la faculté de composer des mélodies qui seraient de « possibles standards ». Tout cela est plus vrai que jamais : les trois thèmes écrits par les membres du trio viennent se glisser au milieu des reprises avec le plus grand naturel. Leur cohabitation avec ces témoignages des grandes heures du jazz est comme une évidence. À défaut de ressentir au plus près cette musique dans la chaleur d’un club ou d’une salle de concert, on pourra en attendant le retour à une vie normale mettre à profit nos heures confinées grâce à cette séduisante balade « en ville ».

    Les musiciens : Maxime Fougères (guitare) ; Fred Nardin (piano) ; Samuel Hubert (contrebasse).

    Les titres : Blue Tempo | Out Of The Past | Don’t Forget The Blues | Mister K.B. | Song For My Mother | Ding | Moore’s Alphabet | Second Thought | Take The A Train.

    Label : Jazz Family