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Disques - Page 4

  • Guillaume de Chassy : L’âme des poètes

    guillaume de chassyEt soudain, le temps s’arrête… Après avoir célébré Barbara, Guillaume de Chassy frappe une fois encore à la porte de notre cœur pour faire savoir qu’il est bien celui qui saura nous extraire en douceur et en quelques secondes seulement des urgences de nos vies cadencées par le flux continu d’une actualité anxiogène. Faisant fi de tout a priori stylistique, le pianiste convoque des inspirations multiples et mêle avec bonheur de grands noms du jazz (Bill Frisell ou Bill Evans), de la musique classique (Franz Schubert, Serge Prokofiev) ou de la chanson (Charles Trénet, Paul Misraki ou Trini Lopez). La mélodie est le fil rouge de ces univers enchantés. L’âme des poètes est une célébration pudique, un moment de grâce porté par un jeu tout en retenue – chaque note posée par Guillaume de Chassy s'avère essentielle – et les émotions insufflées par la voix aérienne d'Élise Caron. L'histoire dit que l'enregistrement de ce disque aurait commencé par un long appel téléphonique entre ces deux artistes... La clarinette de Thomas Savy et la contrebasse d’Arnault Cuisinier, contrepoints solidaires de cette association heureuse, sont également conviées à cette fête de l’intime qui s’offre comme une lente et belle respiration. Et l’on se dit que les mots sont inutiles… Il faut juste s’abandonner à cette déclaration d’amour d’une incroyable élégance.

    Musiciens : Guillaume de Chassy (piano) ; Élise Caron (chant) ; Arnault Cuisinier (contrebasse) ; Thomas Savy (clarinette).

    Titres : Actualités (3:47) | Throughout (4:27) | Adieu chérie (3:28) | Music is Melody (2:27) | Danse avec moi (3:19) | L’âme des poètes (3:46) | L’étang (3:30) | Verlaine (3:16) | Je suis seule ce soir (3:12) | Nacht Und Träume, D. 827 (3:37).

    Label : NoMadMusic (26 novembre 2021)

  • Louis Moutin, Jowee Omicil, François Moutin : M.O.M

    louis moutin,jowee omicil,françois moutinOn connaît depuis longtemps Louis et François Moutin, leur étonnante télépathie sur scène et l’énergie qu’ils savent déployer en concert comme sur disque pour célébrer le jazz dans ce qu’il a de plus vibrant et généreux. Après avoir servi la musique auprès de quelques grands noms du jazz, ces frères jumeaux ont créé leur propre quintet et œuvrent désormais au sein d’une vibrante Moutin Factory dont le dernier album, l’élégant Mythical River, avec Christophe Monniot, Paul Lay et Manu Codjia, est sorti dans le courant de l’année 2019.

    On sait moins de choses en revanche au sujet du saxophoniste Jowee Omicil, quadragénaire canado-haïtien se présentant lui-même comme une sorte de kaléidoscope vivant dont la musique brasserait des influences incluant classique, funk, échos en provenance des Caraïbes, d’Amérique latine ou d’Orient, un soupçon de rap et bien d’autres sources d’inspiration encore. Autant d’ingrédients qui seraient en quelque sorte la carte d’identité de celui qui reconnaît en outre l’impact majeur de John Coltrane ou Miles Davis sur son chemin artistique. Et quand on sait que ce musicien – c’est lui-même qui l’affirmait à l’occasion de la sortie de Love Matters!, son dernier album – est capable d’enregistrer cent-quinze morceaux, soit l’équivalent de dix albums, en seulement quatre jours, il y a anguille sous roche. On ne demande qu’à le croire, même si une telle performance peut susciter l’incrédulité. Le personnage est sans doute peu banal…

    La création du trio M.O.M – un nom acronymique qui résonne comme une allusion à l'enfance et à sa fraîcheur, mais dont les accents maternels montrent aussi les deux frères entourant le saxophoniste comme s’il s’agissait de lui assurer une protection bienveillante – remonte au tournage de la série Netflix The Eddy. Louis Moutin y a rencontré Jowee Omicil, l’histoire nous dit que le courant est passé instantanément entre eux, comme une évidence, et que, quelque temps plus tard, François Moutin les a rejoints pour des séances à la maison. Ainsi est née une musique en liberté, très souvent empreinte d’une grande jubilation, avant que le trio ne se rende au studio Sextan à Malakoff pour enregistrer ce disque sorti au début de l’automne chez Laborie Jazz.

    M.O.M ne compte pas cent-quinze titres, seulement douze et c’est déjà beaucoup, d’autant que l’énergie est bien au rendez-vous sur cet album nerveux et habité d’une fièvre contagieuse de la première à la dernière note. Ces trois-là se sont trouvés, et de belle manière. Fidèle à son habitude, la paire Moutin ruisselle de groove charnel et s’avère une rampe de lancement parfaite, un terrain de jeu fertile conduisant à l’envol irrépressible du saxophone, qu’il soit soprano ou ténor. Au-delà du caractère très spontané, mais aussi exploratoire de cette musique qui sonde au plus près les émotions, on ressent dans le trio un puissant désir de libération collective, une joie profonde d'être au bon endroit au bon moment jusqu'à l’expression d’un chant qui s’exprime aussi bien dans des compositions au tempo élevé comme « Let’s Talk » qu’au moment d’une ballade amoureuse telle que « Caresse » que Jowee Omicil interprète à la clarinette, ou encore lorsque le trio distille une empathie palpable en faisant le constat d’une « Abandoned Youth ».

    Pour la petite histoire, il n’échappera à personne qu'au-delà des grands trios de l'histoire du jazz, dont celui de Sonny Rollins en particulier, Jowee Omicil n’omet pas de se référer en outre çà et là à un autre maître, John Coltrane, lorsqu'il parsème son discours de quelques notes tombées du ciel étoilé où brillent des thèmes tels que « A Love Supreme » (cité sur « Up And Down ») ou « Impressions » (dont le motif est la matrice de « Fly With The Wind »). Coltrane, une figure tutélaire qui n’est jamais pesante : bien au contraire, elle semble irriguer son jeu, le nourrissant à chaque instant d’une force, d’une épaisseur et d’une rage d’être au cœur du jazz qui lui confèrent son authenticité.

    À l’écoute de ce premier rendez-vous discographique de M.O.M., on pressent que les prestations du trio seront assurément la source de ces grands instants de ce jazz vibrant que chacun·e de nous appelle plus que jamais de ses vœux, après tous ces longs mois d’abstinence culturelle. On attend donc ces trois musiciens sur scène !

    Musiciens : Louis Moutin (batterie) ; Jowee Omicil (saxophones, clarinette) ; François Moutin (contrebasse).

    Titres : AM (2:55) | FRK (3:34) | Abandoned Youth (3:41) | M.O.M Blues (3:14) | Let’s Talk (6:06) | Caresse (3:09) | Up And Down (4:12) | Fly With The Wind (7:17) | Ballade à 2 notes (3:27) | Shout (4:36) | Cosmic Dance (5:36) | Soixante-neuf (7:35).

    Label : Laborie Jazz (24 septembre 2021)

  • Edward Perraud : Hors Temps

    edward perraudCent mots pour dire l’essentiel... À l’écart des embardées de Das Kapital ou des extravagants voyages à bord du Supersonic de Thomas de Pourquery, Edward Perraud offre en trio une musique aux nuances subtiles en forme de réflexion sur le sens de la vie et la nécessité de « créer une bulle pour résister à l’ombre de l’obscurantisme ». Œuvre éminemment philosophique aboutissant à la suspension du temps – n’y voyez là aucun paradoxe chez un batteur plus que jamais coloriste – Hors Temps déroule des richesses dont on découvre les beautés au fil des écoutes. Jamais distante, son élégance formelle touche au plus près du cœur.

    Titres de l’album : Hors sol (9:13) | Chien lune (6:53) | Hors-piste (8:13) | Flower of skin (4:41) | Fer de lance (5:36) | Hors la loi (8:26) | Néguentropie (8:53) | Edukation (4:09) | Firmament (8:01).

    Musiciens : Edward Perraud (batterie, compositions), Bruno Angelini (piano), Arnault Cuisinier (contrebasse) + Erik Truffaz (trompette).

    Date de parution : 2 avril 2021 (Label Bleu)

  • Golden Retrieval : Départementale 985

    gilles coronado, fred pouletCent mots pour dire l’essentiel... Il aura fallu quinze ans pour que cet enregistrement voie le jour, grâce à la ténacité éclairée de Stéphane Berland qui continue de collectionner les pépites sur son précieux label Ayler Records. En à peine plus d’une demi-heure, Gilles Coronado et Fred Poulet nous embarquent dans un passionnant road movie rural qui les voit s’attarder dans un bar, faire une halte dans un garage après une panne ou entrer dans un casino. La guitare vacillante et imprévisible du premier, coulée dans les textes écrits, dits et chantés par le second, raconte une histoire qu’on dévore en même temps qu’on l’écoute.

    Titres de l’album : La route (4:17) | Promenade nocturne (3:36) | La marmite (2:58) | Le karaoké (3:06) | La panne (1:29) | Le garage (2:21) | Le casino (3:38) | Vénilia (1:46) | Entre deux ailes (2:55) | Le Journal du Centre (3:29) | Minute Papillon (3:14).

    Musiciens : Fred Poulet (voix, textes), Gilles Coronado (guitare, effets) + Sarah Murcia (Roland SH-101).

    Date de parution : 26 octobre 2021 (Ayler Records)

  • Adrien Chicot : Babyland

    adrien chicotDu côté de chez Citizen Jazz, publication de Babyland, quatrième album du pianiste Adrien Chicot.
    « Babyland suscite l’enchantement, on l’aura compris. Il marque aussi un temps fort dans le parcours d’un musicien qu’on suit depuis pas mal d’années déjà et qu’on avait pu repérer aux côtés de Samy Thiébault, du temps de A Feast Of Friends notamment ».

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  • Louis-Michel Marion & Françoise Toullec : Apocalyptic Garden

    louis-michel marion, françoise toullecDu côté de chez Citizen Jazz, publication de Apocalyptic Garden, une collaboration entre le contrebassiste Louis-Michel Marion et la pianiste Françoise Toullec.
    « Apocalyptic Garden a les allures d’une cérémonie de l’envoûtement. Il est aussi une invitation à nous retrouver, à nous rapprocher, après tous ces mois où l’autre était trop souvent pointé du doigt parce qu’ennemi potentiel ».

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  • Richard Gilly : Les froides saisons

    richard gillyCent mots pour dire l’essentiel... Les années 70 auront souvent revêtu des couleurs musicales d’inspiration californienne. Raffinement des harmonies vocales, enluminures des guitares acoustiques ou électriques, quête de mélodies intemporelles. Portée par Crosby Stills & Nash, Joni Mitchell, America ou encore James Taylor, cette école aérienne aura essaimé loin des côtes du Pacifique jusqu’à toucher la chanson française non sans bonheur. Avec son deuxième album, Richard Gilly, homme sensible et musicien délicat, lui déclare sa flamme en suscitant une émotion dont la pudeur culmine avec « L’appelé » et le destin tragique d’un poilu durant la première guerre mondiale. Ses Froides Saisons sont bouleversantes d’humanité.

    Titres de l’album : Les froides saisons (4:21) | My Lady de Montargis (4:46) | Eloïse (2:38) | Les wagons bleus (2:55) | Loi du 28 mars 1882 (3:09) | Maman Lapin (0:50) | L’appelé (4:12) | La fille au rouge un peu sanguin (2:40) | Donnez-moi un peu (3:05) | Une histoire de solitude (3:54) | Souviens-toi (3:12) | Quand tu partiras vers (3:05).

    Musiciens : Richard Gilly (chant, guitare, cithare, compositions), Georges Rodi (piano, accordéon), Eddie Efira (pedal steel guitar, guitare, banjo, voix), Gérard Kawczynski (guitare), Jean-Pierre Alarcen (guitare), Bernard Lubat (piano, batterie, percussions), Bernard Ilous (guitare, voix), Christian Padovan (basse), Augier de Moussac (basse), André Sitbon (batterie), B. Sassy (guitare, voix), Katherine Gilly (voix), Hervé Roy (direction quatuor à cordes).

    Date de parution : 1975 (Flamophone)

     

  • John Coltrane : A Love Supreme Live In Seattle

    john coltraneDu côté de chez Citizen Jazz, publication de A Love Supreme Live In Seatlle, une passionnante archive qui vient enrichir la discographie déjà bien fournie de  John Coltrane.
    « Autant de raisons qui doivent vous convaincre de l’importance de cette exhumation cinquante-six ans plus tard, tout en vous rappelant qu’il ne s’agit sans doute pas du disque qu’on recommandera pour entrer dans l’œuvre de John Coltrane. Il n’en est pas moins indispensable ».

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  • Renaud García-Fons : Le souffle des cordes

    renaud garcia-fonsDu côté de chez Citizen Jazz, publication de l'album Le souffle des cordes, que vient de publier le contrebassiste Renaud García-Fons.
    « Il n’est pas nécessaire de souligner ici les qualités uniques de l’écriture de Renaud García-Fons ni même la profondeur du chant qui l’habite et l’équilibre auquel il parvient naturellement en mariant des musiques qui, finalement, ne demandaient qu’à dialoguer ».

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  • Gratitude

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    Fin octobre 2021...
    Il est des moments qui comptent plus que d’autres dans une vie d’écriveur. Ainsi, lorsqu’un musicien de renom, que vous admirez par ailleurs depuis longtemps, vous appelle parce qu’il souhaite que vous soyez l’auteur du texte qui figurera sur son prochain disque (ce qu’on appelle aussi les liner notes).
    Étonnement, trac et joie mêlés…
    Je n'y parviendrai jamais, je ne suis pas légitime...
    Sentiment d’une grande responsabilité, peur de se tromper, d’être comme on dit à côté de la plaque.
    Laisser pour un temps les autres écrits en cours, prendre des notes, écouter attentivement la musique, penser aux anciens disques, sentir une drôle de fièvre vous gagner.
    Un carnet de notes, un stylo, et plus tard un ordinateur portable.
    Les premiers mots qui viennent, le début d’un texte qui prend forme.
    L'ombre d'un écrit.
    Bousculer les phrases, débusquer les répétitions, supprimer les mots superflus.
    Lire, relire, relire encore. Laisser reposer. Y revenir. Laisser reposer. Y revenir à nouveau. Trouver des fautes, il en restait. Remettre de l’ordre. Inverser. Non, ça ne va pas. C’est mieux ainsi. Peut-être…
    Admettre qu’il faut bien poser le point final.
    Se jeter à l’eau, envoyer le projet. Attendre.
    Inquiétude.
    Savoir par un message que ce travail répond aux attentes, lire un merci ému.
    Respirer.
    À chaque fois, c’est le même tourment heureux.