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Hymnes à l’amour - Christophe Monniot & Didier Ithursarry : Deuxième chance

christophe monniot, didier ithursarryEt si nous parlions d’amour en ces temps de pandémie qui font de l’autre un ennemi potentiel porteur d’un virus invisible, mais aussi de parole libérée par la lâcheté sur ces réseaux dits sociaux où règne trop souvent un anonymat dévastateur ? Je pressens qu’un tel mot – l’Amour – sera considéré par beaucoup comme venu d’un autre temps mais après tout…

Surtout qu’en ce domaine, Christophe Monniot et Didier Ithursarry sont des récidivistes. Impardonnables, par conséquent. Le saxophoniste et l’accordéoniste nous avaient déjà émus en 2018 par leur première rencontre, dont les formes mouvantes, chargées d’une émotion à donner le frisson et le titre, Hymnes à l’Amour, ressemblaient à un fil – amoureux, forcément – tendu entre des mondes qu’on pensait disjoints, voire peu compatibles. Édith Piaf clignant de l’œil à Duke Ellington en dansant la valse musette.

Et voici que ce duo, qui arbore désormais le nom du premier album, nous propose un nouveau rendez-vous tout simplement intitulé Deuxième chance, paru à la fin du mois de février sur le label Émouvance du contrebassiste Claude Tchamitchian. Deuxième chance, parce que rien n’est jamais acquis, parce que l’amour, y compris celui de la musique, est une cause qui vaut qu’on se réveille chaque matin avec le sentiment que chaque jour est un autre défi à relever.

Ce second disque est dans la droite ligne du premier, j’entends par là une continuité esthétique, tant du point de vue de la texture sonore et de cette alliance très étroite entre les deux instruments – une association de fines lames ! – que de leur vibration au plus près du chant de la musique, de l’âme et du cœur. Car c’est bien celui des deux musiciens qu’on entend battre, on ressent leur communauté d’esprit et chez eux une passion sensible qui a parfois des allures de corps à corps fraternel, spontané et simple. Body and soul.

Nous sommes là, c’est évident, en présence de deux artistes affranchis des considérations techniques qui savent exprimer sans détour ce qui les émeut. Avec beaucoup de générosité, ils nous embarquent avec eux dans leur doux périple amoureux. Celui-ci peut d’ailleurs les conduire du côté de la Bulgarie comme du pays basque dont l’accordéoniste est originaire. On serait bien en peine de cerner les limites terrestres et maritimes de cette Carte du Tendre.

Deuxième chance, c’est aussi tout l’art de la conversation qui définit si bien le jazz, c’est une musique qui respire à pleins poumons et cherche une forme d’élévation de nature presque spirituelle. C’est, comme le dit Christophe Monniot lui-même, un « orchestre idéal à la croisée des chemins », d’Yvette Horner à Olivier Messiaen en passant par Charles Mingus.

C’est une intense vibration.

Musiciens : Didier Ithursarry : accordéon ; Christophe Monniot : saxophones alto et sopranino.

Titres : Vetcherai Rado | Dédé | East Side | Lilia | Pierre qui vole | Banako | Oláh Là | Une dernière danse ?

Label : Émouvance

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