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Mathias Lévy : Unis vers

Mathias LévyBien loin d’être une nouveauté – ce disque du violoniste Mathias Lévy est sorti en effet au mois d’août 2019 – Unis vers n’en mérite pas moins une rapide évocation à travers une petite histoire à ma façon. Et puis, dans ce carnet de Notes Vagabondes, on fait à son rythme, la contrainte n’est pas de mise. Laissez-moi donc vous raconter en quelques mots…

La semaine dernière, butinant nonchalamment sur une toile hautement fréquentée en ces temps de Covid-19 et d’usage prolongé, parfois malgré notre bonne volonté, de nos écrans, j’ai découvert l’existence d’un album recommandé par le journaliste Michel Mompontet. Il s’agissait de Proust, le concert retrouvé. De quoi attiser ma curiosité – ceux qui me connaissent bien n’en seront pas étonnés – et envisager pourquoi pas une troisième lecture de La Recherche (comme disent les spécialistes). Mais là n’est pas la question, je m’égare… Car c’est en lisant les notes du livret que j’ai appris qu’accompagné par le pianiste Tanguy de Williencourt, Théotime Langlois de Swarte y jouait sur un instrument de 1708, le Davidoff, ayant appartenu à Antonio Stravidari, un violon entré dans la collection du Musée de la Musique à la fin du XIXe siècle. Cet enregistrement (dont l’écoute vous est vivement recommandée par ailleurs) entre dans le cadre d’une série justement baptisée Stradivari. Celle-ci consiste, en association avec la Philharmonie de Paris, à mettre dans les mains des musiciens des instruments historiques, comme s’il s’agissait de leur redonner vie et de tendre un fil amoureux entre passé et présent. Voilà pour le contexte.

La dernière page dudit livret affichait d’autres références de cette collection et notamment celle d’Unis vers. Suis-je bête ? Et dire que j’avais reçu ce disque il y a plus de dix-huit mois et que, par un phénomène que je ne saurais expliquer, je n’avais pas encore pris le temps de l’écouter. Pourtant je connaissais un peu Mathias Lévy – vu au mois d’octobre aux côtés de la contrebassiste Sélène Saint-Aimé dans le cadre du festival Nancy Jazz Pulsations - lui qui avait enregistré (en 2017 me semble-t-il) Revisiting Grappelli, un album pour lequel il avait eu la chance de se voir confier l’instrument de son maître, prêté par le Musée de la musique à la Philharmonie de Paris, selon l’idée présentée un peu plus haut. Un prêt renouvelé pour l’enregistrement de Unis vers et, par la même occasion, une affiliation à cette belle collection de disques.

L’occasion était trop belle de réparer mon erreur, d’autant plus que la musique jouée est d’une grande élégance, empreinte de beaucoup de délicatesse mélodique. Elle est ici servie par une formation en trio déjà à l’œuvre sur Revisiting Grappelli : avec Sébastien Giniaux à la guitare et au violoncelle, Jean-Philippe Viret à la contrebasse, augmentée çà et là des talents respectifs de Vincent Segal (violoncelle) et de Vincent Peirani (accordéon). Du très beau monde et, au bout du compte, un petit océan de douceur poétique, une manière de musique de chambre contemporaine traversée d’élans tendres et solaires. Presque impossible à dater. Surtout, de quoi rallumer ces lumières éteintes en notre époque épidémique un peu trop grise à mon goût. Et vous inciter à entrer dans cette belle histoire, même avec du retard. Car vous l’aurez compris, ici le temps ne compte plus, il est définitivement retrouvé, seule l’idée d’une joie profonde d’être en musique, ensemble – Unis vers – anime ces musiciens plus que jamais essentiels à nos vies matérielles.

Les musiciens : Mathias Lévy : violon | Sébastien Giniaux : guitare | Jean-Philippe Viret : contrebasse | Vincent Segal : violoncelle | Vincent Peirani : accordéon.

Titres : Intro | Ginti Tihai | Sur le fil | Home de l'être | Interlude | Unis vers | Extatique | Thelonious | Rêve d'éthiopiques | Kind of folk | Soleil dans les feuilles d'un arbre.

Label : Harmonia Mundi

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