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sylvaine hélary

  • Sylvaine Hélary : Glowing Life

    sylvaine hélaryEncore une belle surprise en cet automne confiné, avec un disque réjouissant signé Sylvaine Hélary. Flûtiste mais pas seulement, voilà une musicienne que je qualifierais volontiers de multidirectionnelle, ainsi que sa biographie vous le prouvera. Tout récemment, elle s’est illustrée au sein de l’ONJ sous la direction de Frédéric Maurin, en composant « Le monde fleur », l’un des thèmes de Rituels, que j’ai évoqué par ici. Et pour la petite histoire, je me souviens d’avoir croisé son nom sur une pochette de disque il y a un petit bout de temps maintenant : c’était il y a plus de quinze ans, avec le premier album de Bertrand Belin (alors illustre inconnu)…

    Pour le reste, on peut faire confiance à Stéphane Berland, toujours à la barre du label Ayler Records dont je parle ici assez fréquemment. Son ouverture musicale est vaste, sa démarche volontiers exploratoire. Aussi lorsqu’il ajoute Glowing Life (Vies scintillantes) à son catalogue, on subit cet effet d’attraction assez irrépressible que certains discomaniaques connaissent bien.

    Entourée de Benjamin Glibert (guitare et basse), Antonin Rayon (piano, claviers), Christophe Lavergne (batterie), avec l’appui de Mark Tompkins sur un titre, Sylvaine Hélary partage sur ce nouveau disque une vision assez électrique (et très éclectique) de son univers musical (littéraire aussi, notons par exemple le recours à des textes d’Éric Vuillard ou P.J. Harvey) fortement teinté d’influences en provenance d’un courant du jazz-rock anglais qu’on appelait en d’autres temps l’École de Canterbury. Mais attention : ce sont des réminiscences (car il n’est jamais question d’imitation…) et une esthétique instrumentale (le travail d’Antonin Rayon et de Benjamin Glibert est à cet égard fondamental) qui font penser à quelques-uns de ces groupes emblématiques que furent Caravan ou National Health (« Glowing Life » ou le final de « Where It Begins »). La dimension expérimentale de certaines compositions (« Introduction to Beginning ») renvoie quant à elle plutôt vers une formation telle que Henry Cow. On entend même parfois des coups de canif crimsoniens (l’un des passages de « Après la pluie ») qui orientent la musique du côté des rivages d'un rock progressif actualisé ; sans oublier des élans chantés ou parlés conduisant l'ensemble vers une pop élégante (« Thinking to Dance »).

    Mais surtout, ce qui impressionne ici est la diversité des climats qui s’enchaînent et mettent la musique dans tous ses états : d’une ambiance étale qui serait celle d’un matin calme à une scansion rock, nerveuse à souhait ; c’est un chant-déclamation d’abord martelé, avant le retour à l’apaisement de ce dernier, qui devient limpide. Les rebondissements du scénario de ce beau disque sont multiples et c’est là l’un de ses grands attraits. Ainsi on passe d’une suggestion mélodique au bruissement des instruments. De la sérénité d’une flûte aérienne aux accents presque recueillis de l’orgue Hammond. Des arpèges solaires de la guitare à la sécheresse de ses riffs. De l’onirisme au réalisme. Adeptes des classifications, passez votre chemin, ce disque est ailleurs. Cerise sur le gâteau, la prise de son (dans laquelle Antonin Rayon est largement impliqué) permet de savourer toutes les subtilités et les variations d’atmosphères (on peut par exemple apprécier le moindre détail du jeu de Christophe Lavergne ou goûter au plaisir d’un Moog qui semble surgi d’avant) dont Glowing Life est traversé de part en part.

    Sylvaine Hélary s’avère une authentique créatrice. Elle est à l’évidence de ceux (ou celles) qui possèdent cette faculté rare de savoir d’où leurs inspirations proviennent, de les assumer tout en les transposant à l’aune de leur imagination afin de bâtir leur propre monde. Le résultat est si « évident » et si singulier à la fois qu’on finit par se demander comment une telle rencontre a bien pu ne pas avoir lieu plus tôt.

    Musiciens : Sylvaine Hélary (flûte, voix) ; Antonin Rayon (orgue Hammond B3, moog, piano, clavinet) ; Benjamin Glibert (guitare et basse électriques) ; Christophe Lavergne (batterie) + Mark Tompkins (voix sur « Where it begins »).

    Les titres : Après la pluie | Thinking to Dance | Glowing Life | Thinking of Solitude | Introduction to Beginning | Where it Begins.

    Label : Ayler Records

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