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stephane escoms

  • Escoms Devard Ebster Trio : Sweet Lorraine

    stephane escomsStéphane Escoms est un gourmand, j’en suis certain ou plutôt je le sais. Et pas seulement parce qu’à l’occasion de la sortie de son nouveau disque en trio, une pâtisserie de sa bonne ville de Saint-Dié a créé un gâteau du même nom, Sweet Lorraine, histoire de fêter Pâques dignement et d’adresser un signe souriant au pianiste. Cette gourmandise va chez lui bien au-delà de l’alimentaire et prospère jusque dans sa sphère musicale. Lorsque par exemple il mitonne un savoureux EL4TRIC en quartet, dont je m’étais fait l’écho en son temps du côté de chez Citizen Jazz. C’est elle aussi qui l’incite à embarquer son clavier dans sa voiture, comme ça, juste par amitié, pour illustrer une exposition que je réalise avec mon partenaire photographe, du côté de Nancy. Ce jeune homme, qui œuvre aussi chez le bouillonnant Mr Yaz, est ainsi, guidé par un appétit qui peut même le pousser à travailler avec un orchestre symphonique, histoire d’offrir une version augmentée d’une Pepita Greus dont il avait eu la délicatesse de me confier l’écriture des doubles notes de pochettes. Un sacré honneur dans la mesure où ces deux disques étaient pour lui l’occasion d’évoquer ses racines et sa propre histoire. Je mesure la confiance qu’il m’avait accordée alors.

    Sweet Lorraine, donc et forcément un gros clin d’œil à sa région au-delà du thème popularisé par Nat King Cole. Et c’est encore une aventure… gourmande à savourer comme elle le mérite : douze standards auxquels vient se greffer un thème de Michel Petrucciani, « Brazilian Like », soit une véritable histoire condensée du jazz couvrant la période allant de 1928 à 1997. Un passage en revue du XXe siècle avec la complicité de deux amis, le guitariste Michel Devard et l’Autrichien mais Vosgien d’adoption Bernhard Ebster à la contrebasse. Et pour préserver toute la saveur et la fraîcheur des ingrédients de cette recette, un enregistrement à la maison, en deux jours avec le minimum de prises, sous la férule de Jérémy Borowski. Tout cela respire le jazz sans âge dans sa plus belle tradition, celle de l’écoute réciproque, du bonheur de faire chanter les mélodies, de raconter de belles histoires plus ou moins connues, d’être au cœur d’un patrimoine qui, bien loin d’être muséifié, est vivant aujourd’hui comme hier. Une leçon humble et généreuse à la fois.

    Surtout que la gourmandise est ici plus que jamais à l’œuvre chez Stéphane Escoms et ses partenaires parce que cette histoire n’en serait, si j’en crois mes sources, qu’à ses débuts. Un deuxième volet est déjà en chantier, selon le même principe de « 12 standards + 1 », qui verra le jour sous peu. Il est même question d’un troisième avec Lisa Doby, une chanteuse américaine. Cerise sur le gâteau – j’ignore toutefois s’il est possible d’en poser une sur le Sweet Lorraine de la pâtisserie déodatienne – tout ceci pourrait même durer tout au long de cinq épisodes d’une belle série conçue comme une déclaration à cette musique que Stéphane Escoms explore jour après jour.

    Bon appétit et soyez sans crainte, cette petite cuisine est saine, vous pouvez la consommer sans modération !

    Musiciens : Stéphane Escoms : piano ; Michel Devard : guitare ; Bernhard Ebster : contrebasse.

    Titres : My Romance | Sweet Lorraine | On Green Dolphin Street | Angel Eyes | Beautiful Love | Billy Boy | Brazilian Like | Bluesette | Girl Talk | Stella By Starlight | Estate | You Go To My Head | When Lights Are Low.

    Label : Claviers & Crayons