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  • Louis Moutin, Jowee Omicil, François Moutin : M.O.M

    louis moutin,jowee omicil,françois moutinOn connaît depuis longtemps Louis et François Moutin, leur étonnante télépathie sur scène et l’énergie qu’ils savent déployer en concert comme sur disque pour célébrer le jazz dans ce qu’il a de plus vibrant et généreux. Après avoir servi la musique auprès de quelques grands noms du jazz, ces frères jumeaux ont créé leur propre quintet et œuvrent désormais au sein d’une vibrante Moutin Factory dont le dernier album, l’élégant Mythical River, avec Christophe Monniot, Paul Lay et Manu Codjia, est sorti dans le courant de l’année 2019.

    On sait moins de choses en revanche au sujet du saxophoniste Jowee Omicil, quadragénaire canado-haïtien se présentant lui-même comme une sorte de kaléidoscope vivant dont la musique brasserait des influences incluant classique, funk, échos en provenance des Caraïbes, d’Amérique latine ou d’Orient, un soupçon de rap et bien d’autres sources d’inspiration encore. Autant d’ingrédients qui seraient en quelque sorte la carte d’identité de celui qui reconnaît en outre l’impact majeur de John Coltrane ou Miles Davis sur son chemin artistique. Et quand on sait que ce musicien – c’est lui-même qui l’affirmait à l’occasion de la sortie de Love Matters!, son dernier album – est capable d’enregistrer cent-quinze morceaux, soit l’équivalent de dix albums, en seulement quatre jours, il y a anguille sous roche. On ne demande qu’à le croire, même si une telle performance peut susciter l’incrédulité. Le personnage est sans doute peu banal…

    La création du trio M.O.M – un nom acronymique qui résonne comme une allusion à l'enfance et à sa fraîcheur, mais dont les accents maternels montrent aussi les deux frères entourant le saxophoniste comme s’il s’agissait de lui assurer une protection bienveillante – remonte au tournage de la série Netflix The Eddy. Louis Moutin y a rencontré Jowee Omicil, l’histoire nous dit que le courant est passé instantanément entre eux, comme une évidence, et que, quelque temps plus tard, François Moutin les a rejoints pour des séances à la maison. Ainsi est née une musique en liberté, très souvent empreinte d’une grande jubilation, avant que le trio ne se rende au studio Sextan à Malakoff pour enregistrer ce disque sorti au début de l’automne chez Laborie Jazz.

    M.O.M ne compte pas cent-quinze titres, seulement douze et c’est déjà beaucoup, d’autant que l’énergie est bien au rendez-vous sur cet album nerveux et habité d’une fièvre contagieuse de la première à la dernière note. Ces trois-là se sont trouvés, et de belle manière. Fidèle à son habitude, la paire Moutin ruisselle de groove charnel et s’avère une rampe de lancement parfaite, un terrain de jeu fertile conduisant à l’envol irrépressible du saxophone, qu’il soit soprano ou ténor. Au-delà du caractère très spontané, mais aussi exploratoire de cette musique qui sonde au plus près les émotions, on ressent dans le trio un puissant désir de libération collective, une joie profonde d'être au bon endroit au bon moment jusqu'à l’expression d’un chant qui s’exprime aussi bien dans des compositions au tempo élevé comme « Let’s Talk » qu’au moment d’une ballade amoureuse telle que « Caresse » que Jowee Omicil interprète à la clarinette, ou encore lorsque le trio distille une empathie palpable en faisant le constat d’une « Abandoned Youth ».

    Pour la petite histoire, il n’échappera à personne qu'au-delà des grands trios de l'histoire du jazz, dont celui de Sonny Rollins en particulier, Jowee Omicil n’omet pas de se référer en outre çà et là à un autre maître, John Coltrane, lorsqu'il parsème son discours de quelques notes tombées du ciel étoilé où brillent des thèmes tels que « A Love Supreme » (cité sur « Up And Down ») ou « Impressions » (dont le motif est la matrice de « Fly With The Wind »). Coltrane, une figure tutélaire qui n’est jamais pesante : bien au contraire, elle semble irriguer son jeu, le nourrissant à chaque instant d’une force, d’une épaisseur et d’une rage d’être au cœur du jazz qui lui confèrent son authenticité.

    À l’écoute de ce premier rendez-vous discographique de M.O.M., on pressent que les prestations du trio seront assurément la source de ces grands instants de ce jazz vibrant que chacun·e de nous appelle plus que jamais de ses vœux, après tous ces longs mois d’abstinence culturelle. On attend donc ces trois musiciens sur scène !

    Musiciens : Louis Moutin (batterie) ; Jowee Omicil (saxophones, clarinette) ; François Moutin (contrebasse).

    Titres : AM (2:55) | FRK (3:34) | Abandoned Youth (3:41) | M.O.M Blues (3:14) | Let’s Talk (6:06) | Caresse (3:09) | Up And Down (4:12) | Fly With The Wind (7:17) | Ballade à 2 notes (3:27) | Shout (4:36) | Cosmic Dance (5:36) | Soixante-neuf (7:35).

    Label : Laborie Jazz (24 septembre 2021)