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Du côté de chez Citizen Jazz, mon compte rendu du récent concert de Magma à Épinal « Christian Vander chante « Spiritual » de John Coltrane au moment central, en d’autres temps intitulé « Nebehr Gudahtt », jusqu’à un cri proche de celui d’un animal blessé. Toute son histoire semble ici réunie, Magma et Offering, magie noire et blanche à la fois ».
Peut-être le plus fort moment de « jazz libre » de toute cette édition du festival. Ici, Reid Anderson (contrebasse), Chris Speed (saxophone ténor), Dave King (batterie) et Tim Berne (saxophone alto) font revivre la musique d'Ornette Coleman et ses héritiers sous le nom de Broken Shadows, par ailleurs titre de l'une des compositions de l'inventeur de l'harmolodie.
Chris Potter : « Sunrise Reprise » (Edition Records - 14 mai 2021)
Thomas de Pourquery Supersonic : « Back to the moon » (Lying Lions Productions - 17 septembre 2021)
PS : un grand merci à mon ami Jacky Joannès qui m'a remis tôt chaque lendemain matin toutes les photographies qui illustrent les articles parus dans le magazine.
Du côté de chez Citizen Jazz,mon compte rendu de la dix-septième édition du Marly Jazz Festival qui s'est tenue du 9 au 12 septembre, sous la férule de Patrice Winzenrieth. « Quatre soirées, huit concerts, beaucoup de chaleur humaine. À l’évidence, les stigmates des mois passés sont encore présents, tenaces probablement. Comme si quelque chose avait changé dans la manière dont les uns et les autres s’approchent, parfois avec hésitation, parfois avec effusion, mais souvent avec un grand sourire et une pointe d’émotion non feinte. Manifestations sensibles du retour à une vie, sinon normale, du moins un peu plus sociale, moins repliée sur elle-même. Et la joie, avant tout, de vibrer avec les musiciens, tout près d’eux, tous imaginaires confondus. On voudrait vraiment que ce soit un début… ».
Du côté de mes Musiques Buissonnières, un petit texte en forme de mise au point écrit après le visionnage d'un concert de Magma diffusé sur Arte. Les réactions de quelques donneurs de leçons m'ont également incité à prendre parti en faveur d'un groupe qui, par-delà les années, est tellement différent des autres qu'il m'a paru normal de prendre sa défense.
Et voilà, c'est le clap de fin pour NJP 2020. Retrouvez ici mes « Échos masqués », ces huit chroniques écrites pour le magazine Citizen Jazz tout au long de l'édition dite « Collector » du festival Nancy Jazz Pulsations. Une année 2020 décidément particulière dans un contexte sanitaire qui a rendu très compliquée la tâche des organisateurs de cette manifestation emblématique de la vie culturelle en Lorraine. Coup de chapeau donc à Thibaud Rolland et toute son équipe, et bonne lecture !
Et rendez-vous du 2 au 16 octobre 2021 pour la prochaine édition qu'on espère plus apaisée qu'en 2020. Croisons les doigts...
John Coltrane aurait eu 94 ans aujourd'hui. En quelques années, il aura bouleversé l'histoire du jazz, écrivant l'une de ses plus belles pages, sinon LA plus belle. Sa trajectoire - en particulier durant la période 1956-1967 - fut celle d'une comète et son influence sur les musiciens reste, aujourd'hui encore, fondamentale. La musique de ce génie n'a pas fini de vivre en nous.
Je pense que Pascal Anquetil ne m'en voudra pas de citer ses propos au sujet de Coltrane, lui qui a eu la chance de le voir sur scène à Paris :
« Né comme Ray Charles un 23 septembre, mais en 1926 à Hamlet en Caroline du Nord, John Coltrane aurait aujourd'hui 94 ans si... J'ai eu le bonheur de voir et d'entendre en concert le quartette de John Coltrane le 6 novembre 1963 à l’Olympia. Je garde encore en mémoire l’empreinte fossile du big bang qu’il provoqua en moi. Jamais un enregistrement ne pourra ressusciter l’intensité magnétique que dégageaient sur scène les quatre musiciens, ni reproduire la puissance “physique” du son de cathédrale de Trane au ténor. Jamais il ne pourra aussi restituer la dimension visuelle de ce tsunami sonore, comme ces images d’Elvin Jones, ses grimaces et ses grands moulinets dans l’espace. Comment un disque pourrait-il faire revivre un tel tintamarre incendiaire ? »
Il n'y a rien à ajouter à des propos aussi forts, qui nous restituent par la seule force des mots la puissance magique de cette musique. Si ce n'est, par exemple, durant une quarantaine de minutes, et cet extrait d'un concert. C'était le 1er août 1965, à Comblain-la-Tour en Belgique.
Place à John Coltrane...
John Coltrane Quartet : 1er août 1965 - Comblain-la-Tour, Belgique. John Coltrane (1926-1967) : saxophone soprano ; McCoy Tyner (1938-2020) : piano ; Jimmy Garrison (1934-1976) : contrebasse ; Elvin Jones (1927-2004) : batterie.
À la fin de l’année dernière, Christian Vander a créé la surprise en rebattant les cartes de son Magma, modifiant assez profondément la composition du groupe. Exeunt Jérôme Martineau-Ricotti (claviers), Benoît Alziary (vibraphone) et Philippe Bussonnet (basse), ce dernier travaillant pourtant à ses côtés depuis près de 25 ans.
Place à trois voix supplémentaires avec l’entrée en scène des chanteuses qu’on avait pu entendre sur le récent Zëss, arrivée de Thierry Eliez (claviers), retour du fidèle Simon Goubert (claviers), compagnon de bien des aventures de la planète Kobaïa. Et pour parachever ce nouveau tableau, un bassiste au nom puissamment évocateur : Jimmy Top, fils de Jannick le bassiste historique aux temps de Mëkanïk Destruktïw Kommandöh (1973) et de Köhntarkösz (1974).
Cette mouture toute fraîche de Magma a commencé à se produire en concert dès le début de l’année 2020. L’une de mes sources, sans aucun doute la plus proche possible, me faisait remarquer que Christian Vander avait « rajeuni de 20 ans » et disait même : « J’avais oublié que Magma pouvait swinguer ». Je frétillais d’aise à l’idée d’écouter tout ce petit monde à Épinal le 1er avril dernier…
Et puis le coronavirus est arrivé. Fin des concerts, confinement pour tous. Et comme chacun le sait, le déconfinement n’a pas signifié le retour à la vie d’avant. Magma, comme tous les autres, est toujours encalminé dans le port de la Protection Sanitaire. Jusqu’à quand ? Il y a quelques mois, le groupe nous a tout de même offert une version « chacun chez soi » de « I Must Return », démontrant une incontestable joie d’être en musique.
En attendant le retour aux affaires, l’ami Robert Guillerault (celui-là même à qui j’avais confié les clés de mon Magma Web Press Book il y a quelques années) a filmé le concert du 8 mars à Perpignan. Un grand merci à lui et à ses camarades. Cette précieuse archive, disponible sur sa AKTMAGMATV, a même reçu le soutien de Seventh Records.
Voici donc, pour patienter en musique, les trois parties de la trilogie (condensée) Theusz Hamtaak, soit près d’une heure de musique et un plaisir non dissimulé. Vous noterez que John Coltrane n’est jamais loin puisque dans le final de « MDK », Christian Vander commence son improvisation au chant en interprétant « Spiritual », un thème du saxophoniste.
ENJOY !
Musiciens : Christian Vander (batterie, chant) ; Hervé Aknin, Stella Vander, Isabelle Feuillebois, Laura Guaratto, Sandrine Destefanis, Sylvie Fisichella (chant), Simon Goubert (claviers), Thierry Eliez (claviers), Rudy Blas (guitare), Jimmy Top (basse).
Samedi 12 septembre 2020 - Centre Culturel André Malraux, Vandœuvre-lès-Nancy.
Première soirée en musique depuis une éternité. C’était il y a longtemps, avant. On parlait déjà d’un virus et d’une épidémie planétaire mais en ces temps reculés, on pouvait encore parler sans distance, se serrer la main, voire s’embrasser… Autant dire que même équipé d’un masque made in RPC, la perspective d’un concert est réjouissante.
Il faut pour commencer saluer l’énergie déployée par Olivier Perry et toute l’équipe du Centre Culturel André Malraux de Vandœuvre-lès-Nancy qui ont mis en place une « session de rattrapage » du festival Musique Action, après son annulation au mois de mai dernier pour cause de pandémie. Soit une soirée et trois concerts caractérisés par ce qu’on pourrait qualifier de cohérence dans l’éclectisme.
Nick Bärtsch et les percussions de Strasbourg - Photo @ ID-B
Tout a commencé avec le Suisse Nick Bärtsch et les Percussions de Strasbourg, venus présenter leur programme Shaker Kami. Entre élans rythmiques aux couleurs sérielles et musique minimaliste dans les entrelacements de laquelle on discerne l’influence de Steve Reich par instants, les cinq musiciens sur scène ont conquis un public certes masqué mais captivé par un ensemble à la précision étourdissante, dans une tension maintenue du début à la fin.
Louis-Michel Marion - Photo @ ID-B
Une première désinfection des fauteuils et c’est au tour de Louis-Michel Marion de présenter en solo (mais avec une partie enregistrée) deux œuvres signées par des compositrices. C’est d’abord Stronghold de Julia Wolfe, tout en puissance répétitive, sinuosité et engagement physique ; puis Listen To Yourself de Eva-Maria Houben, qui donne à écouter tout autant le silence ou ce qu’il convient de nommer stase que la musique elle-même, suspendue au frémissement imperceptible de l’archet. On retient son souffle.
Caravaggio - Photo @ ID-B
Encore une désinfection et le groupe Caravaggio vient conclure la soirée en proposant pour l’essentiel le répertoire de son dernier disque, Tempus Fugit. Est-ce l’heure tardive ? La longueur excessive des réglages de l’électronique entre chaque morceau ? Le port du masque si difficile à supporter au bout de quatre heures ? Difficile de trancher, mais la puissance créative – entre rock, jazz et musique contemporaine – de Bruno Chevillon (basse), Éric Échampard (batterie), Benjamin de la Fuente (violon, guitare, électronique) et Samuel Sighicelli (claviers) a semblé un peu bridée, ne trouvant pas toujours la voie pour libérer ses forces très électriques. On aurait envie de les retrouver dans un contexte plus favorable, parce que les images mentales qu’ils savent projeter (tous les quatre sont aussi des amoureux du cinéma) s’avèrent vite fascinantes.
Fin de la soirée. On se dit que le menu était copieux et de qualité, avec un programme à la fois exigeant et ouvert. Et si bien des incertitudes continuent de peser sur la vie de la musique vivante, on aime à penser ce Musique Action condensé en une session de rattrapage est venu au bon moment. Merci à celles et ceux qui lui ont permis d’exister.